Le Journal de l'Information 31. Januar 2022

Les nouvelles recoupées de plusieurs sources médiatiques nationales, africaines et internationales font état d’une inquiétante reprise de la guerre en Casamance. 

Des sources disent même qu’ « au moins 11 militaires sénégalais ont été tués et 7 autres sont pris en otage par Atika » (la branche armée du MFDC).

De la déroute électorale à la guerre en Casamance

La coïncidence de ce qui s’apparente au retour de la guerre avec la déroute électorale de l’APR/BBY dans le pays et notamment en Casamance est-elle vraiment fortuite ? Ou est-ce là une fuite en avant guerrière de Macky/APR/BBY afin de détourner la colère du peuple contre ses scandales financiers sans fin et sa mal-gouvernance liberticide ?

On se rappelle que déjà en janvier 21 lors de l’offensive militaire au sud de la Casamance des sources médiatiques faisaient état du passage des militaires de notre pays par le territoire de Guinée Bissau pour attaquer les forces armées du MFDC. Des sources médiatiques font maintenant état que cette nouvelle attaque militaire a utilisée le territoire gambien.

Est-ce vraiment le hasard que ce nouvel enlisement guerrier à partir du territoire gambien coïncide aussi avec l’intronisation le 19 janvier de Barrow et les élections locales sénégalaises le 23 janvier 22 ?

Comment ne pas voir dans ces « coïncidences » multiples une stratégie de plus en plus machiavélique de Macky/APR/BBY tendant à semer le chaos pour pérenniser son pouvoir ?

Contexte sous-régional

L’essaimage dans le débat politique par les partisans du pouvoir de la seconde alternance libérale néocoloniale de « l’ethnicisme », visant nos frères et sœurs de Casamance, fait manifestement partie de cette stratégie du chaos. Il en est de même de la dotation en armes toujours plus importantes, notamment turques et du jeu de chaise musicale à la tête des forces de sécurité (police, gendarmerie, armée). Ah si ces armes pouvaient servir à aider le Mali à se débarrasser des terroristes et séparatistes n’est ce pas ?

Un avion « bourré d’armes turques » et « cargaisons d’armes d’un navire »

Cette stratégie du chaos intègre-t-elle l’implication de la Guinée Bissau et la Gambie dans un embrasement type « guerre civile » qui déborderait les frontières de notre pays ? Et cela dans un contexte où les djihado-terroristes-séparatistes au Mali de plus en plus chassés par les FAMA vont chercher des refuges ailleurs ?

Ces interrogations sont d’autant plus légitimes que selon des sources médiatiques un avion « bourré d’armes turques » serait bloqué sur le tarmac de l’aéroport de Bissau et la douane de notre pays aurait dévoilé des « cargaisons d’armes d’un navire » dans le port de Dakar.

Consciemment ou inconsciemment, dans le cas d’espèce il n’y a aucune différence, la recherche par tous les moyens de pérenniser le pouvoir Macky/APR/BBY conduit fatalement à des situations de graves dangers pour le pays et le peuple, situations dans lesquelles la violence fascisante serait le moyen inacceptable de se maintenir au pouvoir.

Le vol de la présidentielle 2019

Après le vol de la présidentielle 2019, tous les stratagèmes perfides, y compris le nomadisme politique abject, mis en œuvre par Macky/APR/BBY pour « réduire l’opposition à sa plus simple expression » et s’assurer ainsi la « troisième candidature » illégale anticonstitutionnelle ont été mis en échec. Deux moments majeurs ont été importants dans les luttes populaires pour faire échouer les plans déloyaux et illégaux de Macky/APR/BBY : la résistance populaire qui a coûté 14 morts de mars 2021 contre la cabale politico-judiciaire contre O. Sonko et les élections locales du 23 janvier 2022.

Macky/APR/BBY vont-ils chercher à reporter les législatives de cette année pour éviter une cohabitation jusqu’en 2024 ? Report qui serait d’autant plus grotesque que déjà il avait prolongé de 2019 à 2022 le mandat des élus locaux et départementaux et qu’il est signataire des sanctions illégales de l’UEMOA/CEDEAO contre le peuple frère du Mali accusé d’agenda électoral « inacceptable » (sic!).

Libération de 12 suspects

Il faut espérer que la libération de 12 suspects de la « tuerie de Boffa Bayotte » après 4 ans de détention arbitraire sera suivie de celle des 14 autres encore détenus sans aucune preuve dont le journaliste et écrivain René Capin Basséne.

7 prisonniers de guerre 

La gravité de l’affrontement militaire qui vient d’avoir lieu ne va-t-il pas être utilisé pour envisager une « revanche » même si certaines sources médiatiques informent que « le gouvernement sénégalais, humiliés par ce massacre des 11 militaires et la prise de 7 prisonniers de guerre dans les rangs des Diambars sénégalais, a commis l’amiral Farba Sarr pour négocier par l’intermédiaire de l’ONG catholique la Communauté de Sant’Egidio de Rome pour leur libération et la restitution des corps sans vie ».

Citons le doyen Mamadou Dia (que nous avions interpellé en 1993 sur cette douloureuse question Casamançaise) : « Le problème casamançais est un vieux problème… il faut le reconnaître et le dire, le colonisateur n’avait pas intégré la Casamance dans le Sénégal… j’ai fait certaines propositions qui sont claires …adressées à Abdou Diouf qui n’a pas eu a courtoisie de me répondre… J’ai également adressé une correspondance à l’Abbé Diamancoune Senghor, Secrétaire Général du MFDC, laquelle m’a été purement et simplement retournée au motif qu’elle ‘n’aurait pas été réclamée par le destinataire’. Comment l’Abbé, mis en résidence surveillée dans les conditions les plus strictes, pouvait-il deviner l’existence de cette correspondance et la réclamer ? Je crois qu’il est urgent d’intervenir sur ce dossier casamançais avant qu’il ne soit trop tard. Toutes les forces nationales sont interpellées pour ouvrier la voie à des négociations sincères et loyales » (YAAKAAR, N°6- janvier 1996).

Pas de solution militaire à la question Casamançaise

Nous n’avons cessé de l’écrire depuis 1982 : Après le silence insupportable sur la question Casamançaise de Senghor, de Diouf, Wade à Macky Sall le rêve d’en finir militairement avec le mouvement indépendantiste Casamançais a toujours engendré des cauchemars réels pour les populations et nos soldats en Casamance.

Il n’y a pas et n’aura pas de solution militaire à la question Casamançaise. Il ne peut y avoir qu’une solution politique démocratique dans une optique panafricaine en accord avec le MFDC né en mars 1947 après le congrès fondateur du RDA en octobre 1946 à Bamako bien avant le BDS, le BPS puis l’UPS de Senghor/Dia, le PDS et bien entendu son rejeton libéral APR/BBY de Macky Sall d’aujourd’hui.

Alors comme le doyen Mamadou Dia nous invitons toutes les forces vives de notre pays d’Afrique le Sénégal doivent s’engager pour contribuer à une solution pacifique, démocratique, patriotique et panafricaine de cette crise nationale pluri-décennale. 

Nous présentons nos condoléances les plus attristées aux familles des soldats morts et aux populations meurtries de la Casamance depuis 1982.