Le Journal de l'Information 21. Januar 2018

Yérim Seck ! Tu connais très mal le conflit de Casamance. On ne peut pas venir à bout de cette rébellion par des armes. On peut certes gagner des parties de mais pas la vaincre définitivement. Tu te trompes lourdement.

En tant que journaliste, je me suis rendu 4 fois dans le maquis casamancais pour des reportages, enquêtes, interviews et pour recouper des informations. Mes lecteurs du journal sénégalais Le Quotidien, les acteurs de cette guerre, les ambassades étrangères au Sénégal, en Gambie et en Guinée Bissau et la commission européenne des droit de l’Homme ne peuvent pas me démentir. Je sais de quoi je te parle.

Yérim, tu ignores que la théorie est totalement différente de la pratique. Tu ne connais pas le terrain. Ton crime c’est ton ignorance sur la réalité du terrain des opérations militaires.

„La terreur en Casamance“

L’ex président Abdou Diouf qui était pourtant entouré par des experts de guerre pendant 20 ans avait tenté de vouloir éradiquer la rébellion par les armes. Il a même impliqué des militaires de diverses nationalités. A-t-il réussi? Le résultat: il a semé ce qu’Amnesty International appelle „La terreur en Casamance“. A la fin, il était obligé d’aller négocier avec la rébellion casamancaise.

Je t’informe qu’aucun soldat ou gendarme sénégalais ne veut aller combattre en Casamance à cause de la réalité du terrain. Ils le font par contrainte. Ces militaires, gendarmes et services de renseignements généraux qui sont sur le terrain pendant que toi, te disant journaliste, ne sont pas contents de toi. Tu le sais bien.

„Défendre les frontières en versant le sang en Casamance“

Toi qui te permets de conseiller à l’Etat sénégalais d’aller „défendre ses frontières en Casamance“ en „versant du sang et marcher sur des cadavres“ au prix de leur vie, vas y toi – même „défendre les frontières sénégalaises“ et verser le sang des enfants d’autrui.

Tu n’a jamais fait ou vécu une guerre. Tu n’a jamais couvert une guerre. Tu n’ignores pas les conséquences causées par cette guerre qui a duré quatre décennies et qui a fait des milliers de réfugiés en Casamance, à l’intérieur du Sénégal, en Guinée Bissau, Gambie, en Europe et en Amérique.

Macky Sall sur les pas d’Abdou Diouf

Macky Sall est entrain de suivre les pas d’Abdou Diouf. Tant que Macky Sall ne négocie pas sérieusement avec les indépendantistes ,il n’y aura jamais la paix en Casamance et dans la sous-région. Et sans une paix réelle en Casamance, le Sénégal ne sera jamais développé. Aucun bailleur de fonds n’ose investir dans un pays politiquement instable. Tu dois le savoir, cher confrère.

Le gouvernement sénégalais sait très bien que les pauvres villageois arrêtés et emprisonnés ne sont les auteurs du massacre du 6 janvier 2018. Les bourreaux des victimes sont toujours libres. Ils courent toujours. Tout le monde le sait bien. Macky Sall ne devrait pas profiter de ce triste événement pour semer le chaos et la désolation en Casamance.

Une commission d’enquête indépendante

Si le Sénégal veut réellement savoir toute la vérité sur cette tuerie du 6 janvier 2018, il n’a qu’à créer une commission indépendante pour mener une enquête sérieuse. A mon sens, cette enquête qui privilégie qu’une seule piste, le mouvement des forces démocratiques de Casamance, a mal commencé. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que l’armée se donne une mission pour aller chercher des „criminels“. Arrêtez cette farce.

Par le journaliste et blogueur Erick Salemon Bassène
En République fédérale d’Allemagne

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