Le Journal de l'Information 27. August 2020
photo de Sémhur (discussion)

L’ancienne gouverneure Nelvina Barreto accuse l’organisation sous régionale « de ne défendre que les intérêts des présidents et des pays les plus forts de la région ».  Elle est « incohérente dans la prise de position vis-à-vis des États membres ».

Selon Nelvina Barreto, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest –  CEDEAO  qui a mal géré et « résolue la situation politique en Guinée-Bissau est à nouveau fortement critiquée pour la manière dont elle a arbitré les crises au Mali, en Côte d’Ivoire ou même en Guinée-Conakry ».

Elle estime que la CEDEAO doit être une organisation qui promeut la libre circulation des personnes et des biens, l’intégration, le développement économique régional et la démocratie participation. Mais, selon le ministre de l’Agriculture du dernier gouvernement sous Mario Vaz, «  malheureusement, au fil du temps, la CEDEAO s’est laissée enchevêtrée dans une toile dans laquelle elle protège principalement les responsables gouvernementaux qui sont incapables de répondre aux souhaits de leurs populations ».

« La CEDEAO n’a pas été cohérente avec les principes qu’elle énonce. Quand elle dit qu’il y a tolérance zéro pour les coups d’État, alors, lorsqu’elle évalue les coups d’État, elle utilise différentes mesures en fonction du poids.», fustige-t-elle.

Guinée Bissau

En Guinée-Bissau, poursuit-elle, les opposants au régime politique actuel au pouvoir ont accusé la CEDEAO de légitimer le coup d’État dans le pays et de ne pas respecter la Constitution. En effet, l’organisation ouest-africaine a reconnu Umaro Sissoco Embaló comme président de la République alors que le contentieux pré – électoral  n’est pas résolu.

Mali, Côte d’Ivoire et Guinée Conakry

Au Mali, dit-elle, l’organisation est accusée d’avoir agi trop tard, alors que le coup d’État est terminé et que le président a été arrêté. « En Côte d’Ivoire, ainsi qu’en Guinée-Conakry, la CEDEAO n’a pas été en mesure d’empêcher les deux chefs d’Etat de briguer un troisième mandat, même en violation de leurs constitutions respectives. Les délégations de haut niveau de l’organisation envoyées dans ces pays ont rencontré de grandes difficultés pour résoudre les différends politiques. Dans de nombreux cas, la CEDEAO est complètement ignorée et non respectée » a déclaré l’ancienne ministre de l’agriculture de Guinée Bissau à la radio allemande Deutsche Welle. 

Barreto considère que ces dernières années, la CEDEAO a complètement abandonné sa mission principale. « La CEDEAO a systématiquement promu les chefs d’État au détriment des intérêts du peuple, au détriment de ce que devraient être sa mission et son mandat principaux, qui est de promouvoir l’harmonie, le progrès et le développement pour les peuples et les États qui le compose », critique-t-il.

Crédibilité de la CEDEAO

Interrogée sur la crédibilité de l’organisation, Nelvina Barreto déclare que « si la CEDEAO pratique des actes ratés, elle ne peut prétendre jouir d’une légitimité et d’une crédibilité auprès des États et des peuples qui la composent ».