Le Journal de l'Information 17. Januar 2021

Après l’eau et l’air, le sable est pourtant le plus utilisé dans notre quotidien. Il est devenu un marché important qui suscite des convoitises. Des entreprises et des personnes s’adonnent à l’activité de l’extraction illégale de sable marin ou sur le long de la côte. Mais à Diembéring, un projet d’extraction de sable divise les populations de l’un des gros villages de la base Casamance.

C’est dans ce contexte que l’artiste engagé Malick Diatta, musicalement connu sur le nom G. FANDENEJAH natif dudit village situé à l’embouchure du fleuve Casamance,  a décidé,  depuis la France,  de réagir pour exiger la préservation de « notre environnement ». 

Pour permettre à nos lecteurs de bien entendre le cri d’alarme de l’artiste  Reggae Andeheja, nous préférons publier sa réaction telle que  nous allons l’avons reçue. 

Je m’appelle Malick Diatta musicalement connu sur le nom de G.FANDENEJAH, j’ai 37 ans, et je vais vous faire part de mon ressenti par rapport au projet en cours d’extraction de sable, en tant que natif de Diembering.

« Dans les années 90, une opération de plantation de Filaos …»

Je suis né à Diembering et enfant, j’ai passé beaucoup de temps sur la grande plage du village. Dans les années 90, une opération de plantation de Filaos a eu lieu et nous avons tous œuvré pour reboiser les dunes de Diembering. A l’époque, on aimait se poser sous les Filaos, ça faisait de l’ombre, c’était très agréable. Lorsque nous voulions nous baigner, il nous fallait alors plusieurs minutes pour accéder à la mer, la plage faisait plusieurs centaines de mètres de larges, elle était magnifique.

Malheureusement en 30 ans, j’ai vu peu à peu la mer avancer et la plage diminuer tout autant. Il y a quelques années, l’eau est tellement montée que tous les filaos que nous avions planté enfants se sont couchés et la plage a alors complètement disparue.

Aujourd’hui, lorsque je vois ces arbres morts au sol et la mer si haute qu’elle a même ravagé des cases, cela me rend triste et je me rend compte qu’il faut agir pour préserver notre environnement et éviter que le carnage continue et que ce soit bientôt les maisons des villageois qui soient emportées par la mer.

Alors quand j’ai entendu parlé d’un projet d’extraction de sable sur Diembering, cela m’a alerté. Je me suis de suite dit qu’au lieu de préserver notre environnement menacé, on laissait place à un projet anti-écologique, qui ne pourra que faire empirer la situation.

J’ai alors essayé de me renseigner. Tout projet menaçant l’environnement se doit d’avoir une étude d’impact mais cette dernière est malheureusement inaccessible au lieu d’être rendue publique.

« Scandalisé par la tournure des choses »

Je suis scandalisé par la tournure des choses et ne suis pas le seul. De nombreux jeunes de Diembering essayent de comprendre comment et pourquoi la municipalité laisse se faire des projets comme celui-ci, alors même que le village est menacé par la montée des eaux.

« Un ressortissant français et Diéynaba, une femme élue à la municipalité »

J’ai alors appris que le projet était porté par Jean, un ressortissant français et Diéynaba, une femme élue à la municipalité. J’ai donc du mal à croire que la mairie de Diembering ne soit pas en mesure de nous publier l’étude d’impact qui devrait avoir été faite. On nous a parlé d’analyses qui ont été réalisées mais sans détail. Le propriétaire des terres, nommé Samba, du village de Bouyouye n’a pas vendu son terrain mais l’a mis à disposition avec un accord financier – le contrat lui permet de bénéficier d’un pourcentage des bénéfices de l’extraction du sable.

En tant qu’artiste engagé originaire de Diembering, j’ai à cœur de dénoncer les actes qui sont, selon moi, inadmissibles. J’espère que nous aurons très vite des explications à cette situation et que si un projet devait être réalisé, le volet économique ne primera pas sur le volet écologique car je suis soucieux du danger qui guette le village.

La grande part de la population de Diembering sera là pour être vigilante à la préservation des dunes, qui représentent une ceinture de protection contre l’avancée de la mer.

G.FANDENEJAH