Le Journal de l'Information 13. Dezember 2021

Accusé vendredi (10.12) par Nuno Nabiam d’avoir signé un accord secret de partage du pétrole avec son homologue Sénégalais Macky Sall, Umaro Embaló a démenti son Premier Ministre ce samedi (11.12). Il veut impliquer l’Assemblée nationale populaire de son pays et l‚Agence de Gestion et de Coopération entre le Sénégal et la Guinée Bissau pour tirer cette affaire au clair.

En répondant vendredi dernier aux questions des députés de l’Assemblée nationale populaire (ANP) de Guinée Bissau, le chef du gouvernement, Nuno Nabiam, a déclaré qu’il y avait un accord secret de partage du pétrole signé avec le Sénégal entre Umaro Sissoco Embaló et son homologue sénégalais, Macky Sall.

 « Les choses ont été traitées en sens inverse »

Mieux, il a précisé que le document lui a été remis le 26 octobre 2020 par la cheffe de la diplomatie Bissau Guinéenne, Suzi Barbosa, dans une enveloppe confidentielle. « L’accord a été signé par le président de la République. Le gouvernement n’était pas impliqué », a révélé Nabiam, soulignant qu’à son avis, les procédures pour un tel accord ne sont pas correctes.

Selon lui, les choses ont été traitées en sens inverse car les choses n’ont pas été traitées comme elles devraient l’être. A l’en croire, c’est le gouvernement qui devrait signer cet accord avant que celui-ci soit ratifié par le parlement et promulgué par le Président.

Pas d’accord pétrolier

La réponse du chef de l’Etat guinéen n’a pas tardé. S’adressant à des journalistes à l’aéroport de Bissau, ce samedi (11.12), quelques instants avant de se rendre au Nigeria où il a participé ausommet des chefs d’État des pays d’Afrique de l’Ouest, Umaro Sissoco Embaló a démenti au 1erMinistre de l’existence d’un tel accord de partage du pétrole avec le Sénégal.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’accord pétrolier entre la Guinée-Bissau et le Sénégal », a rétorqué Sissoco avant de poursuivre : « Il faut que les gens sachent étudier pour qu’ils sachent interpréter. Les mots ont des sens différents en français et en portugais. Il y a la prospection et l’exploration pétrolières », a déclaré Embaló tout en évitant de prononcer le nom de son Premier Ministre Nuno Nabiam.

Pour Umaro Sissoco Embaló, ce qui existe avec le Sénégal est un accord dans le cadre de l’Agence de gestion et de coopération (AGC) qui gère la Zone économique commune (ZEC) qui partagent les deux pays en mer.

«L’accord signé avec mon frère Macky Sal qui donne 30% à la Guinée-Bissau ne concerne pas le pétrole», a clarifié Embaló. « C’est comme il l’a dit, nous sommes allés devant tous les tribunaux et nous avons perdu», a noté Embalo, se référant aux déclarations de Nuno Nabiam en faisant allusion au fait que la Guinée-Bissau a initialement perdu des différends sur le partage devant les tribunaux internationaux de toutes les ressources pétrolières qui peuvent exister dans la Zone économique commune (zec).

Le Parlement

Le chef de l’État a indiqué qu’il a déjà donné des consignes au président du parlement, Cipriano Cassamá, pour que le secrétaire exécutif de l’Agence de Gestion et de Coopération entre le Sénégal et la GuinéeBissau-AGC, le Guinéen Inussa Baldé, puisse répondre aux députés « pour leur dire qu’il n’y a pas d’accord pour partager le pétrole » entre Dakar et Bissau.

« La Guinée-Bissau n’a pas encore de pétrole, mais j’aimerais qu’elle en ait, car elle allait faire de ce pays Dubaï », s’est défendu le président guinéen, soulignant qu’il est un « homme sérieux » et qu’il n’a jamais été devant un tribunal pour répondre à des actes répréhensibles.

Le Président a promis de combattre « le petit et le grand bandit » en Guinée-Bissau, même si cela lui coûte la vie. Pour terminer, il a renouvelé sa confiance aux chefs des forces de défense et de sécurité du pays, notamment aux ministres de la Défense, Sandji Fati, et de l’Intérieur, Botche Candé, qui l’ont accompagné à l’aéroport.